La tragédie de Beyrouth !

Aout 2020

Beyrouth [...]

où l’on vient de partout ériger ces statues

À Beyrouth chaque idée habite une maison.

Qu’elle soit religieuse, ou qu’elle soit sorcière,
ou qu’elle soit les deux, ou qu’elle soit charnière,
du portail de la mer ou des grilles du levant,
qu’elle soit adorée ou qu’elle soit maudite
qu’elle soit sanguinaire, ou qu’elle soit d’eau bénite,
qu’elle soit innocente ou qu’elle soit meurtrière,
en étant phénicienne, arabe, ou roturière,
en étant levantine aux multiples vertiges,
comme ces fleurs étranges fragiles sur leurs tiges,
Beyrouth est en Orient le dernier sanctuaire,
où l’homme peut toujours s’habiller de lumière’’

Nadia TUENI (1935-1983)

Cet hymne à Beyrouth mérite d’être rappelé, alors qu’elle a subi, ce 4 août 2020, une double explosion meurtrière. Le bilan, encore provisoire, faisait état, jeudi 6 aout, d’au moins 137 morts et de plus de 5 000 blessés. Aujourd'hui, des centaines de milliers de personnes se retrouvent à la rue. L'heure est aussi à la recherche des coupables de la tragédie. Le Liban est encore sous le choc et la communauté internationale mobilisée. L’explosion s’inscrit dans un contexte de contestation populaire et d’une grave crise économique, dans l’ère appelée diplomatiquement “printemps’’ arabe.

Comment expliquer cette double explosion meurtrière de Beyrouth ?  Qui en sont les responsables ? Dans les heures qui ont suivi, l’explosion a été attribuée à la présence de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées depuis 2014 dans un entrepôt du port “sans mesure de précaution”, et ce, malgré les alertes des services douaniers.  Peut-on parler d’interventions extérieures ou plutôt expliquer l’explosion par un certain laisser aller général, conforté par l’affaiblissement des pouvoirs centraux, de la contestation populaire, du contexte du “printemps’’ arabe, qui a mis à l’ordre un relâchement général, dans un Moyen-Orient qui nécessite un redressement global ?


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